The Strangers

The Strangers
Corée du Sud (2016)
De Na Hong-jin 
Avec Kwak Do-Won, Hwang Jeong-min, 
Chun Woo-hee














Résumé : La vie d’un village coréen est bouleversée par une série de meurtres, aussi sauvages qu’inexpliqués, qui frappe au hasard la petite communauté rurale. La présence, récente, d’un vieil étranger qui vit en ermite dans les bois attise rumeurs et superstitions. Face à l’incompétence de la police pour trouver l’assassin ou une explication sensée, certains villageois demandent l’aide d’un chaman. Pour Jong-gu aussi , un policier dont la famille est directement menacée, il est de plus en plus évident que ces crimes ont un fondement surnaturel…



Analyse du film : le mal est parmi nous, le mal est en nous.

Après les excellents The Chaser et The Murderer, Na Hong-jin s'attaque au genre fantastique et signe une fresque des plus perturbantes. D'une intelligence rare, The Strangers subjugue sur beaucoup de points : formels, narratifs, visuels... mais plus encore, il bouleverse l'esprit autant que la rétine. Métaphore politique, ambiguïté, révélations contradictoires quasi permanentes, ce film est un superbe exercice de manipulation, dont les nombreuses interprétations ne cessent de se renvoyer la balle. 



Attention spoilers ! 

Le Mal existe, le Diable non (ou peut-être) 

Ici point de manichéisme confortable et rassurant, pas de bons ou de méchants clairement définis. Tous les protagonistes sont contraints à une altérité douloureuse qui œuvre à dévoiler la nature belliqueuse de l'Homme.
Dans cet univers biaisé, nous assistons impuissant au triomphe du mal à travers les nombreuses formes qu'il peut revêtir. Que ce soit celles de la xénophobie, le charlatanisme (le spectacle désopilant du Chaman), ou encore l'ignorance, la bêtise et les colportages, transposés sur la personne de l'ermite.

A propos de l'ermite :

Figure iconoclaste et terriblement ambigüe, l'étranger fonctionne tel un miroir pour les villageois, renvoyant la haine et le désespoir qu'il est supposé incarner. Est-il le Diable ? Seulement au regard du prêtre puisque conditionné par sa foi et ses à priori. 

Le mystère des photographies

Outil habile du fantastique, la photo fixe les spectres de notre imagination.  Ici les nombreux clichés ne sont que les résidus argentiques du misérabilisme de la condition humaine. Un clin d’œil du réalisateur, qui souhaite par cette mise en abyme, immortaliser notre propre sidération. 

Et vous qu'en pensez-vous ?