LIMBO de Soi Cheang

 

Hong Kong (2021) 
De Soi Cheang.
Avec Ka Tung Lam, Yase Liu, 
Mason Lee

Il y a l'enfer de Dante, puis il y a Limbo et sous ces latitudes aussi, l'espoir n'a plus de raison d'être. Limbo dépeint le Hong Kong des parias et des laissés pour compte, ses bas-fonds et ses ruelles étroites encombrées de détritus, submergées par des pluies torrentielles.

Mais au-delà de ce polar sombre et rondement mené, c'est un combat métaphorique violent entre rédemption et pardon qui se trame, à travers le chemin de croix de Mong To (incroyable Yase Liu) qui tente de se racheter aux yeux d'un flic brisé (Ka Tung Lam) et étouffé par la colère. Et les thématiques sont nombreuses à l'intérieur de cette œuvre (notamment la violence faîte aux femmes).

Limbo est un film de plaies, plaies des corps et plaies des âmes. Même la mégapole de la fastueuse Hong Kong semble éventrée, vomissant ses ordures comme autant misère qu'elle ne peut plus dissimuler. Dans cet enfer visqueux, Soi Cheang arrive à faire surgir de la bonté dans la douleur et de la beauté (photographie en noir et blanc sublime) dans la laideur.


WHY DON'T YOU PLAY IN HELL ?

Japon 2013  
De Sono Sion 
Avec Shinichi Tsutsumi, Jun Kunimura, Fumi Nikaidô

Hirata fondateur des Fuck Bombers, collectif de cinéastes en herbe, rêve de devenir un grand réalisateur. Courant les rues, il filme avec son équipe, tout et n'importe quoi : une bagarre de lycéens, un yakusa blessé dans une ruelle... tout est matière à faire un grand film, selon lui.
 
Alors pourquoi pas une guerre des gangs entre deux chefs yakusas, avec d'un côté Muto (Jun Kunimura) désireux de propulser sa fille Mitsuko (Fumi Nikaidô) comme star du grand écran et Iketagi(Shinichi Tsutsumi), amoureux de celle-ci. Pour Hirata, l'opportunité sanglante (et c'est peu dire) de pouvoir enfin réaliser un film à la hauteur de ses ambitions semble enfin arrivée.
 
 
 
Ce pitch, à priori foutraque, est prétexte à des ambitions bien plus grandes de la part du réalisateur. Car en plus d'être une déclaration passionnée pour le cinéma, Sono Sion évoque à travers ce récit chaotique une réflexion sur l'art et la quête du cinéaste. Un caractère autobiographique punk pour une œuvre déjantée et terriblement aboutie. Gore cartoonesque, plans WTF et épiques pour un jeu de massacre absurde au métadiscours assumé. A voir absolument !