SHAMO trailer



Coq de combat (Shamo)
Hong Kong / Japon 2008

De Soi Pou Cheang
Avec Shawn Yue, Francis Ng,
Annie Liu, Bruce Leung, Pei Pei,
Dylan Kuo, Masato, Ishibashi Ryo





Au cours d'un déjeuner familial, Ryô Narushima (Shawn Yue) poignarde sauvagement ses parents, sous les yeux de sa sœur Natsumi. Le garçon, tout juste âgé de 16 ans, est condamné à 2 ans de prison dans un institut pour jeunes délinquants, où il devient le souffre douleur de ses co-détenus (viols, passages à tabac…) ainsi que du directeur (Ishibashi Ryo). Au bord de la rupture psychologique, il trouve cependant de l'espoir en la personne d'un maître de karaté atypique (Francis Ng) qui va lui enseigner les arts martiaux et lui redonner confiance en lui. Libéré, mais en proie à un chaos intérieur terrible, Ryô devient gigolo.Il passe sa vie à se battre et à rechercher sa sœur qui se prostitue, tout en caressant l’espoir de monter sur le ring du Letal Fight pour affronter le tenant du titre Sugawara Naoto (Masato, authentique combattant du K1 Max) et ainsi se venger de toutes les humiliations subies.

Adaptée du célèbre manga éponyme créé en 1998 par Izo Hashimoto, cette série fait l’objet d’un véritable culte à travers le monde, considérée comme ce qui se fait de mieux en matière de manga. Mélangeant arts martiaux, introspection psychologique et satire socio-politique, Coq de combat alias Shamo, est par ailleurs réputé pour ne pas faire dans la demi mesure, tant sur le fond, que sur la forme (la violence et le sexe tiennent une place importante dans le récit). C’est presque instinctivement que le réalisateur enragé Soi Cheang prend en main ce projet d’adaptation.
Pourtant le metteur en scène de Dog bite dog, livrera ici une version somme toute assez édulcorée du manga, ne souhaitant pas se répandre dans la surenchère d’une violence graphique, qui pourrait reléguer le film en catégorie III (interdit au moins de 18 ans) lors de sa distribution.

Néanmoins le Coq de combat de Soi Cheang reste malgré tout une œuvre atypique, brutale et éprouvante, qui en surprendra plus d’un.

Un cheminement nihiliste auréolé de violence pour seul espoir.

Coq de combat et Ryô reflètent bien la réalité de ce monde, qui a prit l’amoralité pour modèle. Car Soi Cheang à travers sa mise en scène, compte bien dénoncer la média-manipulation du Bien et du Mal, dont les acteurs (parents, autorités, professeurs, médias…) en bafouent déjà les frontières déjà floues.

De nos jours, même les arts martiaux sont pervertis, que ce soit par l’argent et les excès en tout genre d’une société insatiable (voir les dérivés sanglants du free fight). De nos jours, l’absence d’honneur (rage, tricherie, stéroïdes), prévaut tant qu’il s’agit de victoire.

Ryô, comme tant d’autres, est bien un enfant de ce monde, un monde impitoyable et violent, dénué d’espoirs, où les rêves sont salis. Un monde qui n’a plus de famille, de valeurs.
L’assassinat de ses parents en fait malgré lui le parfait étendard de tout ce que l’on rejette.

Antithèse de la noblesse des arts martiaux, corrompu par la société actuelle (son mentor l’encourage même à s’injecter des stéroïdes afin de parvenir à ses fins) Ryô en parfait anti-héros sème le chaos autour de lui. Qui a le malheur de l’aimer, finira détruit.


Les limites et le génie


On regrette certes que Soi Cheang n’ait pas plus étoffé l’aspect dramatique et psychologique de l’intrigue, en réduisant la durée du film, aux astreintes commerciales des 90 minutes. Il y a pourtant matière à approfondir des abysses aussi noires. S’attarder sur l’entourage sombre du héros, le mystérieux professeur de karaté (Francis Ng méconnaissable), la sœur de Ryô, la call girl amoureuse… . Toute une galerie dont la richesse psychologique est à peine ébauché (et avec beaucoup de génie d’où notre frustration !) faute de temps et de budget. Malgré tout, Shamo dans la veine de Dog Bite Dog, reste une satire sociale plutôt cinglante. Même adressée à un plus large public, le film n’a rien perdu de sa hargne.

Shamo ressemble à un clip décadent aux séquences parfois antinomiques. On bascule ainsi entre flashs-back oniriques, combats martiaux filmés en plan larges ou rapprochés, ou combats de rue montés de façon épileptique, exposant ainsi l’anarchie de la situation.

Œuvre léchée, plutôt qu'œuvre commerciale, comme se plairont à dire les détracteurs. Chaque plan se dissocie de l’autre, respectant la logique mentale du héros. Ainsi, Soi Cheang va saisir des instants à l’esthétique parfaite, enclin d’une sincère poésie (le reflet de la lune dans la flaque, tranchée par le fil du sabre de Francis Ng), ou bien capter l’abjecte de la putasserie médiatique (les retransmissions télé du Letal Fight). Bref, rien n’est laissé au hasard dans la vision très personnelle du réalisateur par rapport au Manga éponyme.

Tout comme pour Dog Bite Dog, Soi Cheang cherche à filmer la structure du chaos et du désespoir, avec une fausse nonchalance (ellipses volontaires) qui en déconcertera plus d’un, mais qui pourtant mérite amplement une seconde vision.


Aller jusqu’au bout…

Afin de comprendre la démarche du héros, son cheminement torturé, il faudra aller au bout du métrage et interpréter les messages implicites du réalisateur, notamment dans les successions de flash-back révélateurs.

Probable humanisation de Ryô ? Ou est-ce nous, spectateur, qui venons d’ouvrir les yeux sur son humanité ? Latente depuis toujours ( soit pour nous : le début du film), mais que les à priori et son comportement asocial nous avait masqué.

En réalité Coq de combat s’adresse surtout à ceux que le mépris des autres a rendu fou, et qui finissent par se croire désespérément inhumains.

Alors ne laisser pas Ryô sombrer dans sa solitude et son désespoir.
Coq de combat soulèvera certainement la polémique parmi les fans, mais il s’agit d’une adaptation volontairement infidèle à sa source. Selon ses propos, Soi Cheang souhaitait avant tout explorer l’aspect satire sociale et ainsi gommer l’aspect serial propre au manga, cela pour se recentrer sur un drame, celui de Ryô.

Soi Cheang nous apporte à sa façon une réponse à cette question qui nous obsède tout au long du film : l’explication symbolique du meurtre de ses parents. Je vous laisserai tout comme le réalisateur, par le biais d’une fin ouverte, le soin d’en trouver le sens et l’interprétation.

Ce texte provient de whispering-asia, la copie intégrale est illicite!

2 commentaires:

petit BOODHA a dit…

SUPER blog,ne donne que plus envie de voir ce film.(CONTINUES COMME CA!!!!!)

Damien Coudier a dit…

Merci pour ton commentaire ! J'espère que ce film aura une suite.