Blockbuster intelligent : The Host




The Host

De Bong Joon-Ho
Avec Song Kang-Ho,
Byun Hee-Bong,
Park Hae-Il


Attention, un des événements cinématographiques de l’année de 2006, est un film Coréen. N’en déplaise à certains, il s’agit en plus d’un film de monstre ! Mais un film de monstre, diablement intelligent, où l’élément fantastique est un artifice malicieux, conduisant des sujets vastes et profonds.





Et il en aura mit du temps à être distribué dans nos bacs. Frilosité des distributeurs français, face au ‘’ péril jaune’’ ? Préférence nationaliste ? (1)



Avec The Host, Bong Joon-Ho démontre que l’on peut s’adresser à tous, sans prendre les gens pour des idiots. Eh oui ! Le cinéma n’est pas qu’un vulgaire produit de consommation ! Et c’est cette attitude qui dévore la qualité de nos esprits et de notre jugement. (2)




Gigantesque brûlot écologique, doublé d’une charge politique corrosive et drôle. Le film de Bong Joon-Hoo (réalisateur du thriller choc Memories of murder) est un habile mélange de genre et avant tout un attachant portrait familial.




La famille Park, vit au bord des berges de la rivière Han, haut lieu de villégiature pour d’innombrables coréens. Le patriarche Park Hee-Ho tient un snack qu’il fait tourner comme il peut avec son fils aîné l’immature et maladroit Gang-Du (Song Kang-Ho, le flic violent et borné de Memories of Murder), mais père affectueux de la petite Hyun-Seo. Autour du patriarche, sa fille Nam-Joo, une championne de tir à l'arc timorée, le fils cadet Nam-Il, brillant, révolté et éternellement au chômage. Et enfin Hyun-seo la petite dernière, adorable et adoré de tous. Ce petit monde égocentré et fragile que le vieil homme tente désespérément de garder uni, se verra soudainement frappé par le malheur. Par une après midi ensoleillée, surgissant des fonds de la rivière, une gigantesque créature s’abat sur les berges, s’en prenant à tous les badauds, parmi eux, la jeune Hyun-Seo, enlevée par la bête et emportée au fond des eaux. Persuadée que celle-ci n’est pas morte, la famille Park va tenter de s’unir dans la douleur et l’espoir, afin de retrouver Hyun-Seo. Autour d’eux, toute la société coréenne s’ébranle (l’allégorie du SRAS n’est pas loin), la communauté scientifique brille par son incompétence, et les autorités américaines tentent d’imposer leur insupportable intendance.




A l’origine de ce désastre, des scientifiques militaires américains basés en Corée, qui déversent sans scrupules des produits toxiques dans les canalisations donnant sur la rivière. Le Fleuve Han, tout un symbole : de l’écologie à l’identité d’un peuple, ce lieu commun, refuge des plus démunis, devient l’antre d’une menace, par la présence parasite d’un monstre mutant, allégorie de l’ingérence américaine.




De part sa forme volontairement non linéaire et le ton alternant tragique et comique, le film de Bong joon-Hoo y va de son petit air de revanche, en réponse à plusieurs années d’immixtion américaine dans les affaires du pays. Evitant cependant les relents nationalistes nauséabonds, le réalisateur coréen n’épargne pas non plus ses compatriotes.



The Host est vraiment un film de monstres pas comme les autres, Par ailleurs, contrairement aux films de genre qui ménage l’apparition de leur créature, de prémices en apothéose finale (Alien), la bête (magnifique de surcroît) est ici dévoilée dès les premières minutes du métrage, exposée au grand jour. S’en suit aussitôt une scène catastrophe dantesque incroyablement osée de la part de Bong Joon-Hoo. Alternant avec une intelligence cinématographique remarquable l’humour et la gravité, Bong Joon-Hoo nous fait passer en quelques plans habiles de la tension au rire et du rire aux larmes. Mais à travers ce film de genre Bong Joon-Hoo nous parle avant de son pays (c’est une des rares fois qu’est abordé le Sao-ri avec les enfants SDF) et d’une famille imparfaite, mais attachante et de sa lutte face une Goliath à la fois réel et symbolique. The Host est définitivement une œuvre populaire et intimiste, à la gloire des petites gens, réussissant le mariage improbable entre la critique et le public.



En vérité voici un film qui possède toutes les qualités d’un blockbuster intimiste et formateur.




(1) Cessons d’aborder le monde comme de vulgaires consommateurs, mais comme des êtres pensants. Cette diatribe personnelle pouvant s’attribuer aussi bien au cinéma que dans la vie de tous les jours.
(1) Mais ouvrez un peu vos frontières et encouragez plutôt les productions françaises qui sortent des sentiers battus, plutôt que des films chiants réalisés avec les pieds ! Stoppez cette pédanterie et suffisance académique qui avorte dans l’œuf les projets créatifs. En s’ouvrant sur le monde et sa concurrence vos susciterez l’envie et l’enthousiasme des français de faire aussi bien, plutôt que l’envie de fuir vos produits !
Ce texte provient de whispering-asia, la copie intégrale est illicite!

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