Ab-Normal Beauty





Ab Normal Beauty
2004 Hong Kong / Thaïlande
De Oxide Pang
Avec Race Wong, Rosanne Wong,
et Anson Leung


Sous l’effet d’une vacuité intellectuelle nocive qui a trop souvent tendance à se répandre telle une pandémie d’intolérance, certains se plaisent à dénigrer le cinéma des frères Pang. c’est fou la capacité acerbe de certains critiques qui de leur plume peuvent encenser ou enflammer un auteur selon la tendance !
Ces attaques admonestées aux frangins sont d’autant plus injustes, que se sont les mêmes qui jadis criaient au génie formel, qui maintenant les fustigent.

Après tout, les frères Pang sont ce qu’ils sont : de grands faiseurs d’images ! A défaut de narrateurs solides me direz vous ? Cela reste à prouver... car chez les Pang, le scénario est avant tout un script, un support tout au service de l’image, pour une mise en scène allégorique et évocatrice d’un cinéma qui se vit avec ses sens…

Jiney (Race Wong) est étudiante en arts plastiques, passionnée de photo. Accompagnée de son amie (amoureuse exclusive et platonique) Jasmine (Rosanne Wong), elle parcours la ville et ses habitants, à la recherche du cliché parfait.
Au détour d’une promenade photographique, les deux amies assistent à la mort atroce d’une jeune fille renversée par une voiture, Jiney ne peut alors s’empêcher de prendre en photo la défunte. Elle découvre alors ce qui manquait à ses photos : la mort.

Jasmine impuissante assiste à la transformation de Jiney chez qui naît un besoin morbide de capturer la mort dans son objectif. Son obsession l’amène au bord de la schizophrénie et Jiney finira par obtenir ce qu’elle attendait, passer de l’autre côté du miroir. La jeune fille en détresse autant fascinée par sa mort que celle des autres se voit bientôt approchée par un curieux fan (la mort ?). Jiney comprendra que cette quête du passage à l’acte, est motivée par le souvenir d’un viol et que sa mère n’a jamais reconnu lorsqu’elle était enfant. Mais il est peut-être déjà trop tard.
Ab-Normalement Beau !
Avec une subtilité narrative rare et des images proches de peintures photographiques, voici bien l’un des plus marquant et des plus beau film d’horreur de cette décennie. Introspection morbide, catharsis d’un viol, traumatisme d’une enfant ligotée par le silence et l’incompréhension d’une société aveugle. Un film riche en thèmes et en images marquantes, bien loin de tous les poncifs propre au cinéma asiatique de genre.

Le film exerce une fascination insolite, dérivée des horreurs mises en scène. En vérité, Ab-Normal Beauty est une incroyable mise en abîme de l’artiste et de la mort pour les spectateurs voyeurs que nous sommes.

Ab-Normal Beauty est un film d’une grande beauté, malgré un final qui s’essouffle faute à un twist légèrement décevant. Les deux actrices principales (Race Wong et Rosanne Wong, toutes deux sœurs dans la vie) sont merveilleuses et plus que convaincantes, habitées par une énergie, une détresse morbide et détentrices d’une ambiguïté sensuelle, pour ne pas dire sexuelle.
Bref du fantastique pure, à,l’aune de la charogne (Thanatos) et de l’Eros.
C’est dire si c’était horrible, c’est dire si c’était beau !
Ce texte provient de whispering-asia, la copie intégrale est illicite!

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