Gran Torino



GRAN TORINO
de Clint Eastwood
USA 2009
Avec Clint Eastwood, Bee Vang, Cory Hardrict, Geraldine Hughes, Brian Haley, Dreama Walker, Brian Howe, Doua Moua, Sarah Neubauer, Nana Gbewonyo, Christopher Carley, John Anton, Austin Douglas Smith






Anecdote

Pendant la projection d’un film, j’aime observer les réactions du public. Je scrute dans l’ombre de la salle, les visages, à la recherche d’un sourire, d’une larme ou de l’ennui… C’est là la magie du cinéma, partager une émotion, sans même se connaître. Ce soir là, le démiurge n’était autre que Clint Eastwood. Avec son style humble, direct et essentiel, Clint vient de fédérer plusieurs générations. De nos parents, au jeune public venu chercher sa dose d’adrénaline, tous en sont sortis comblés, émus, comme touchés par la grâce du Septième Art et de l’un de ses plus grand héros. Ce soir là toute la salle a pleuré. Quelle communion !

Tension et humour


Walt Kowalski est l’archétype du voisin acariâtre. Raciste, raccroché à ses souvenirs et aux fantômes de la guerre de Corée, il grommelle dans sa solitude, des griefs contre tous. Son quartier, ses voisins et même sa famille.


Veuf depuis peu, Walt s’enfonce dans son aigreur et attend la mort, avec ses bières, sa chienne Daisy, son fusil M-1et sa Gran Torino, son bien le plus précieux, qu’il a lui même monté lorsqu’il travaillait pour les usines Ford, pendant l’âge d’or de l’automobile. Nous sommes à Détroit, ancienne capitale de l’automobile qui aujourd’hui se meurt. Ville sinistrée du rêve américain, le chômage est élevé, les quartiers insalubres et gangrenés par les gangs.

Amer et pétri de préjugés, Walt observe avec mépris et agressivité son quartier, « son Amérique », aujourd’hui peuplée d'immigrés et de « vendus ». Lorsqu’une famille Hmong (Peuple du Sud de l’Asie) emménage à côté de chez lui, Walt éructe, gardant de se prévenir de toute tentative de sympathie de leur part. Un jour, sous la pression d'un gang, Thao un adolescent timide tente de lui voler sa précieuse Ford Gran torino... .


Celui-ci échoue et s’enfuit, victime de représailles par le gang, le jeune garçon ne doit son salut qu’à l’intervention musclée de Walt, parce que la bagarre a empiété sur sa pelouse ! En ayant fait face à cette bande, Walt devient malgré lui le héros du quartier et de toute la communauté Hmong. Sue, la sœur aînée de Thao, insiste pour que ce dernier se rachète en travaillant pour Walt. Surmontant ses réticences, ce dernier confie au garçon des "travaux d'intérêt général" au profit du voisinage. C'est le début d'une amitié inattendue, qui changera le cours de leur vie. Et c’est aussi la naissance d’une famille improbable (« ces putains d’étrangers me comprennent mieux que ma propre famille » dixit Walt). Cependant la pression du gang et l’insécurité de la rue pèse de plus en plus sur Thao et Sue et Walt tentera de les protéger à sa manière.


Du haut de ses 79 ans, Clint nous livre dans cette plongée cinématographique de voisinage, son regard sur l’Amérique et la cohabitation entre les peuples. le racisme et les à priori sont abordés de manière frontale et en même temps tordus avec humour. Le monde a changé, l’Amérique a changé, à ce titre, Walt Kowalski est le dernier indien dans la ville. Un blanc parmi les immigrés (cf. la scène de sa visite chez le médecin de quartier). C’est un rétrograde rattrapé par son époque, mais les sourires effritant le marbre, Walt fera de cette nouvelle famille, la sienne, de ce nouveau monde, son combat, son idéal à défendre.


Mais la paix se défend t-elle au prix des armes et du sang ? Face à la violence, qu'elle réponse apporter ? Comment garder sa parcelle de pelouse en sécurité ? Bien des questions qui pourraient donner suite à un débat cinglant. Mais Clint préfère laisser ce questionnement moral et politique en suspend, au profit de l'humanité de ses héros.

N’allez pas taxer Gran torino, pour ce qu’il n’est pas : un vigilente movie, un film réac. Gran Torino est tout le contraire, une œuvre touchante et humaniste. Bien plus émouvant qu’il est pour Clint Eastwood un film testament.

Confessions d'un artiste

Avec Gran Torino, Clint nous plonge au cœur d'une Amérique pleine de contrastes, il dresse le portrait d'un homme entier, avec ses contractions idéalistes et politiques. Qui est Walt ? Un réac attendri ? un justicier au vieux fusil… ? Très habile, l’acteur réalisateur balaye toutes ces étiquettes, parce que Walt Kowalski est à la fois un ersatz de tout cela et en même temps son contraire. Il est simplement un homme sur qui tous ont collé l’image d’un héros. De ce statut « de héros » Clint en a pleinement conscience et Gran Torino est l’occasion d’une mise au point avec son public. Confession humaine et artistique, Clint embrasse tous les rôles de sa vie, évoquant à la fois sa personne (son âge, son inéluctable mortalité) que son personnage stéréotypé à outrance.


Gran Torino est une réflexion sur la solitude, un constat lucide sur le mythe du héros et de la vieillesse. Un homme prisonnier de sa violence ne peut trouver l'absolution que dans la mort.

Clint nous offre ainsi son intimité, ainsi que ses valeurs (Walt choisira Thao pour fils spirituel). Dans sa représentation de la vieillesse, Clint ne s'épargne pas, on le voit ainsi en jogging, malade, courbatus, etc. Son entourage veut le placer en maison de retraite, mais il n'est pas du genre à laisser les autres prendre des décisions à sa place.


Gran Torino est chant funèbre, une dernière danse et une célébration de la vie. L'icône se meurt, mais a besoin de passer le relais. Gran Torino est peut-être ainsi son dernier film, mais il reste avant tout une réflexion sur la mort et le lègue aux générations futures. Clint écrit sa légende de son vivant.


Respectant son intégrité et son message expiatoire jusque dans les dernières minutes, Clint apportera son alternative à la violence et à la violence de son (ses) personnages, avec un final qui avorte toutes velléités catharsiques. Il manipulera ainsi le schéma du "film vigilante", le prenant à contre pied.
Par cet acte ultime Clint a sauvé notre âme, en même temps que l’avenir de Thao.


Avec Gran Torino, Clint nous prouve encore avec talent que l’âge et le temps n’entament en rien la volonté d’un homme et sa capacité de changer.

Ce texte provient de whispering-asia, la copie intégrale est illicite!

2 commentaires:

Blackmask a dit…

Gran Torino est magnifique, grandiose !!! Il fait parti des films marquant, à voir absolument !!! Clint Eastwood incarne son personnage avec brio !!! On reconnait là son talent d’acteur et de réalisateur !
Son film aborde plusieurs sujets de société et donne à réfléchir : le racisme, la violence, les changements de la vieille Amérique, les horreurs de la guerre, La vie et la mort, la solitude, l héroïsme... mais surtout l’amitié avec un grand "A"!!!

Cette amitié improbable entre ce vieil homme aigri et raciste qui vit encore comme dans la vieille Amérique et son voisinage: une grande famille d’immigrés asiatiques !

Ce sont deux mondes complètements différents, le vieux (Clint) les déteste et n’hésite pas à les insulter de tous les noms, mais pourtant des évènements accidentels ont fait que ce vieil homme s’est ouvert peu à peu. Ils ont appris à mieux se connaître les uns et les autres et à partager. Avec le temps le vieux apprécie beaucoup ses voisins asiatiques, le comble c est qu’il se sent beaucoup plus proche d’eux qu’avec sa propre famille (d’ailleurs sa famille en a rien à foutre de lui, seul son héritage les intéresse!!!).
J’ai bien aimé cette ouverture d’esprit, cette amitié que l’on croyait incompatible Cette barrière entre ces 2 mondes s’est fracassée et une forte amitié est donc née !!!

Une autre scène qui m’a beaucoup ému: le vieux Clint et Thao qui passent des moments ensembles on aurait vraiment dit un père qui s’occupe de son propre fils, il l’aide, le conseille, lui fait partager son expérience et aussi il lui prête même sa Gran Torino, ce qu’il a de plus cher au monde !!!

Sans l’aide du vieux Clint, Thao aurait sûrement basculé du mauvais côté, car il est jeune et un peu perdu, Clint l’a empêché de finir dans le gang de son cousin qui ne sait que foutre la merde dans le quartier !!!

Sinon pour terminer la scène finale est vraiment grandiose, une surprise inattendue !!! Je préfère ne pas trop spoiler pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu. Clint intelligent et réfléchit devient un héros pour cette communauté asiatique en les sauvant de cette pourriture de gang !!!
Ce film est à la fois beau, drôle et très émouvant, on a envie de verser une larme !!!

Même si c’est peut être le dernier film de Clint Eastwood, pour moi c’est l’un des meilleurs chefs d œuvre cinématographiques de ces derniers temps. Il a réussi à me toucher en plein cœur !!! Bravo!!!

Anonyme a dit…

Salut c est un film "pitoresque melant humour et melancolie"(moi aussi j devrai faire un blog sur le cine!!^^')Nan serieusement il est trop bien,je suis dégouté de l avoir raté au cine.MARTIAL
a+