13 JEUX DE MORT



13 BELOVED
13 JEUX DE MORT

2006 Thaïlande
Un film de Chookiat Sakweerakul
Avec Krissada Terrence, Achita Wuthinounsurasit,
Sarunyu Wongkrachang, Nattapong Arunnate,
Alexander Rendel, Penpak Sirikul


La quête du bonheur est un marathon désespéré et sans fin, car elle se limite à la recherche du plaisir, de la possession et de la reconnaissance. Cette chimère aliénante peut alors pousser les acteurs de la vie vers la folie et l’individualisme le plus amoral.

Thriller et fable philosophique, 13 Beloved de Chookiat Sakweerakul, nous dépeint les coulisses d’une société moderne, toute culture confondue, pervertie par le pouvoir de l’image et l’appât du gain. Le film fait ainsi la démonstration par son jeu absurde et son engrenage atrocement fascinant, de l'absence de morale qui sommeil en chacun de nous. Dès lors, même le plus tranquille des hommes, pour peu qu’il soit exclu du système, peut être amené à commettre l’impensable.


C’est dans cette spirale de rejet et de frustration que nous découvrons, Puchit, fraîchement licencié, expulsé et saisi de sa voiture achetée à crédit. Ses économies évaporées, sa fiancée l’a quitté. Au bout du rouleau et tentant, malgré cette enchaînement de catastrophe, de sauver les apparences (sa famille compte sur lui pour subvenir à ses besoins), Puchit reçoit sur son portable un appel mystérieux. Son interlocuteur lui promet une récompense de 100 millions de bath (environ 2 millions d'euros) si il accepte de participer à un jeu comportant 13 épreuves. La première d'entre elles consiste à tuer la mouche posée à côté de lui ! Dubitatif, Puchit s’exécute, l’instant d’après son compte en banque est crédité de plusieurs milliers de bath !
Puchit réalise que ce jeu est donc tout sauf un canular, mais surtout que ses généreux donateurs connaissent tout de sa vie et épient ses moindres mouvements. Crédule Puchit finit par sauter le pas, d’autant que ce jeu ne semble pas si nocif que ça (du moins au début). La règle est simple, chaque pallier réussi lui rapportera de l’argent jusqu’à la cagnotte finale. Seulement en cas d’échec ou d'abandon, tous ses gains seront perdus.


Les épreuves se succèdent, mais deviennent de plus en plus extrêmes et illégales, cependant poussé par le besoin de renflouer son compte et d’aider sa famille, Puchit s'exécute avec l'énergie du désespoir et s’enfonce un peu plus dans un engrenage déshumanisant.

L'un des plus jeunes réalisateurs du pays, Chookiat Sakweerakul (25 ans), apporte un caractère universel à cette histoire (tirée d’une BD de Eakasit Thairatana), loin de vouloir donner des leçons, ce long-métrage thaïlandais, évoque et se ré approprie tout à la fois The Game et Saw, avec un surréalisme éclatant.





Véritable jouet de ses bienfaiteurs Puchit perd en humanité et discernement, au fur à mesure de sa progression. L’accumulation des catastrophes qui en découlent feront de lui un hors la loi, un être marginalisé, prompt à satisfaire les sensations d'un public voyeur.





Le postulat imaginé par Chookiat Sakweerakul est terrible et efficace car 13 Beloved est un film participatif. En effet dans cette mise en scène, à la fois décalée et immersive où le cynisme se met à côtoyer le glauque, le spectateur est amenée à anticiper avec angoisse les détails et les répercussions de chaque épreuve. Les intrigues parallèles collent parfaitement au récit (l’enquête de Police et les investigations de sa collègue) et donnent une dynamique supplémentaire au déroulement de l’action.



Démonstratif, Chookiat Sakweerakul cultive l’insensibilité et l’indifférence. Il faut voir le portrait de cette famille, dont le grand père est en train d’agoniser au fond d'un puits et vous mesurerez avec justesse l’égoïsme de notre société moderne. Du rire et de l’absurde on passe alors à la gêne et au malaise.


13 Beloved nous implique tous, spectateurs passifs et divertis, dans une spirale obscène et idéologique. L’ironie laisse peu à peu place à un malaise implacable et le sadisme atteint lui aussi son paroxysme Ce petit bijou machiavélique, doublé de sa critique acerbe, nous ferait presque regretter d’avoir été les témoins de tout ceci. Mais bien au delà de la leçon, s’est aussi un immense plaisir cinéphile dont on se souviendra longtemps.

Ce texte provient de whispering-asia, la copie intégrale est illicite!

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