Ong Bak 2



Ong Bak 2
2008
Thaïlande

Un film de Tony Jaa
Avec Tony Jaa, Sorapong Chatree,
Sarunyu Wongkrachang, Nirut Sirichanya,
Santisuk Promsiri



Une fois de plus l’épuration artistique des distributeurs français nous fait la démonstration éloquente de son conformisme et de son manque d’ouverture ! Parmi les perles venues d’Asie, qui ne trouveront peut-être jamais le chemin des salles françaises, c’est au tour de Ong Back 2 de faire les frais de cette diaspora artistique dont les critères de sélection restent difficilement compréhensibles.

Sortie depuis 2008 dans le monde entier, Ong Bak 2 est donc déjà disponible en DVD et bien entendu en téléchargement sur le net. Ce qui compromet grandement la garantie de son succès sur nos écrans. Mais n’était-ce pas un peu voulu tout ça ?

Après le succès international du premier Ong Bak, Tony Jaa rempile cette fois en tant qu’acteur et réalisateur. Le jeune prodige prend ainsi les commandes de l'un des films les plus chers de l'histoire de la Thaïlande et nous offre une œuvre, certes, perfectible, mais bien plus sombre et épique que le premier opus dont elle n’a en commun que le nom.
Prenant pour toile de fond l’histoire de son pays. Tony Jaa plante l’action au cœur d’une jungle un peu anachronique de la Thaïlande du 15ème siècle. De part son cadre et son époque, Ong Bak 2 n’est donc pas une séquelle, mais un récit martial initiatique, barbare et merveilleux qui n’a plus rien à voir avec son prédécesseur, si ce n’est l’intensité et la folie de ses combats.

Tian est un jeune garçon rêvant de devenir comme son père, un guerrier fier et valeureux. Mais en ces temps troublés, le seigneur de guerre Lord Rajasena ravage la Thaïlande à la tête de sa puissante armée et le village de Tian n'est pas épargné, laissant l'enfant comme unique survivant du massacre.
Fait prisonnier par des marchands d'esclaves l'obligeant à affronter des crocodiles, ses talents naturels pour le combat amènent cependant Tian à être remarqué par Chernang, chef d'une bande de criminels, qui va le prendre sous son aile et l'élever comme son propre fils. C'est à dire dans le respect et la pratique des arts martiaux, sous toutes leurs formes. Un enseignement moral destiné à faire de Tian un guerrier accompli et l’héritier de son père spirituel. Tian est désigné comme le successeur au poste de chef de "l'Aile de Garuda", le groupe de bandits au sein duquel il a grandi. Mais avant de pouvoir accepter cet honneur, le jeune homme doit d'abord laver le sien et retrouver par conséquent l'assassin de ses véritables parents, même si pour cela il devra affronter les redoutables tueurs de Lord Rajasena.

De la vision d’Ong bak2, on retiendra surtout que le film de Tony Jaa a certainement souffert de ses ambitions. Sacrifié sur l’autel du montage, souffrant de sa générosité, Ong Bak 2 nous fait parfois ressentir ses limites (l’intrigue et le final complexes gagnent a être prolongés). Mais Tony Jaa parfaitement conscient de ses restrictions imposées par l’action, est allé à l'essentiel, laissant l’allégorie et l’interprétation prendre le pas sur le récit.
L’œuvre devient sous cet angle un véritable conte initiatique qui nous fait découvrir la beauté et la pureté des styles anciens. (Le Kung Fu du Sud et ses positions bases, le Chi et sa puissance, le Penkat Silack, le Kendo, le Muy Thaï of course et la boxe de l’homme ivre…).

« Héroïque fantasy thaï », le film impose un univers esthétique avec des décors naturels somptueux. Philosophie des arts martiaux, apprentissage de la forme et de l’esprit. Ong Bak 2 est un voyage dans monde merveilleux, violent et onirique, gorgé d’épreuves et d’imaginaire.


Le film nous promet dès lors plusieurs niveaux de lecture, mais encore faut-il en posséder les clefs pour pouvoir en saisir les subtilités et les messages. Malheureusement une partie du public occidental non initié, risque d’occulter cette dimension au profit de l’action.

Et de l’action il y en a, Ong Bak 2 sonne comme une hymne à la beauté des arts martiaux, mais c'est surtout dans la dernière demi-heure que Tony Jaa se lâche. On se croirait alors dans une espèce de jeu vidéo, où le héros enchaîne les adversaires, les armes et les paliers, jusqu’au boss de fin. Ludique, mais parfois un peu long…

Dans ces affrontements quasi-ininterrompus, Tian ira jusqu’a combattre ses doubles (dans les styles martiaux), jusqu’au final où en refusant le happy end de rigueur, Tony Jaa nous impose sa vision radicale, fataliste et pessimiste. Mais cette conclusion déstabilisante est sans doute la meilleure, puisqu’elle reprend les enseignements du karma et honore les paroles de son maître : Le meurtre et la compassion. (1)


Ong Bak 2 est donc la promesse partielle d’un film martial et épique, aux résonances karmiques improbables et impitoyables. En attendant un prophétique director-s cut en dvd, courez le voir au cinéma.

(1) Attention spoiler :

En élevant malgré lui son assassin Chernang fera preuve de rédemption.. Mais Tian se maudit et se perd dans sa soif de vengeance, il versera sans le savoir le sang de son clan d’adoption. D’où ce retour au village des pirates étrangement désert… . En affrontant ses doubles, tous masqués, Tian affrontait en réalité ses pères.
Ce texte provient de whispering-asia, la copie intégrale est illicite!

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