Love Exposure


Japon 2008

De Sono Sion

Avec Takahiro Nishijima, Hikari Mitsushima,
Sakura Andô, Makiko Watanbe, Atsurô Watabe


Parmi les œuvres prolifiques de Sono Sion, figure une pierre angulaire de son action cinématographique, un film qui a mit 5 ans à trouver un distributeur pour l’hexagone. Il faut dire que depuis Himizu et The Land of Hope, le réalisateur enragé et coqueluche des festivals a mit de l’eau dans son saké et s’attèle depuis à des œuvres beaucoup plus accessibles. La sortie ciné récente de The land of Hope ayant sans doute donné l’impulsion nécessaire à HK video à distribuer Love exposure.



Et c’est un véritable OFNI qu’il nous est permis de découvrir, une fresque immense de presque quatre heures, découpée en chapitres sous de faux airs de dramas. Quatre heures, pour décrire la vie de Yu 17 ans dont la mère est morte, qui se retrouve seul avec un père, dépressif, libidineux et névrotique, récemment ordonné prêtre ! Prêcheur fou, celui-ci impose à son fils de lui confesser des péchés pourtant inexistants, si bien que dans le simple but de satisfaire la folie rédemptrice de son père, Yu va embrasser tous les vices, jusqu’à hériter du surnom de « roi des pervers ». Suite à un pari perdu et un quiproquo, son chemin croise celui de Youko, en laquelle il trouve l’amour idéal et la promesse qu’il avait fait à sa mère, trouver sa Vierge Marie et l’épouser.



Ce qui au premier abord, pourrait s’apparenter à une charge anticléricale, n’est dans la démarche du réalisateur, qu’une charge contre les dérives sectaires et surtout un pamphlet éloquent sur l’état de perversion de la société nippone. Cette Focalisation obsessionnelle sur les pêchés au détriment du message religieux, témoigne des travers de l’humanité dans sa lecture des choses. Dérive sectaire du fait de la force iconique de cette religion peu connue des insulaires qui au gré de leurs fantasmes la tourne en folklore. Face au désert affectif et les frustrations qui frappent la société japonaise, la religion peut devenir un poison plutôt qu’un remède.



Vide relationnel entre un père son fils, la puissance iconographique des images pieuses déforment la vision de chacun, puisque passant par le prisme de leur névroses. Chez Sion poète punk du cinéma nippon, la religion est un refuge vain, victimes de cette pauvreté affective, ces personnages et en particulier les plus jeunes, s’enfoncent telles des autistes de l’ultra violence dans la perversion de leurs croyances.



Au-delà de cette thématique de la perdition, Sono Sion fait preuve d’une inventivité sans failles, transgenres par excellence à la lisière du bizarre, son film passe du gore grand guignol au comique manga (techniques martiales pour photographier des dessous), de l’absurde au tragique. Calibré au millimètre, toujours au service de ses propos, cet univers décalé déroute dès les premiers instants, mais la fascination opère. Love Exposure est derrière cette révolte initiatique, un film de Passion et de Salut, une des plus belles œuvres de Sono Sion.

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